samedi 10 décembre 2011

Vivre au dessus de ses moyens VS se donner les moyens de vivre

Dans les maisons nuages du monde des Bisounours, la Fée Follay entend souvent le même refrain en ce moment. Ce refrain consiste à dire que les Européens ayant vécu pendant des années au dessus de leur moyen, il est bien juste de les voir enfin passer à la caisse. Cela m'interpelle. Personnellement, avant d'atterrir dans ce monde merveilleux où le comble du bonheur consiste à tenir une bière dans une main et mettre sur le feu une saucisse de l'autre, ai-je eu le sentiment de vivre au dessus de mes moyens? Autrement dit, avons-nous été été éduqués, soignés, protégés plus que ce que le dur labeur de notre peuple ne me le permettait? J'ai beau y réfléchir, franchement, non, je ne vois pas, je ne vois pas qui dans mon entourage français, profite de l'Etat-Providence en y tirant un bonheur ou une fierté particulière. En revanche, je pourrais nommer un nombre infini de personnes ayant une tête bien faite, en bonne santé pour leur âge, et malgré tout, assez protégés par les menaces extérieures telles que le chômage (quoique cela se fasse bien rare).
Mais alors, ce serait donc cela vivre au dessus de ses moyens? Avoir accès à un certain nombre de services publics maintenant dans la mesure du possible une égalité des chances par une redistribution équitable de la richesse, assurant une protection social contre les risques de la vie, garantissant à chaque citoyen de quelque milieu social qu'il soit éducation, santé, justice, voire emploi? Ne serait-ce pas simplement se donner les moyens de vivre?
Mettre des idées pareilles dans la tête des Bisounours, c'est mettre en œuvre un nivellement par le bas généralisé. Détruire les derniers Etats-Providence, pour instituer globalement l'Etat-Police, c'est le retour de l'état de nature au détriment du contrat social.
Je ne dis pas que rien ne doit être changé. Au contraire, l'Etat-Providence doit être modernisé: redistribution des richesses par une réforme en profondeur de l'impôt (voir mon post "Les cigales, les fourmis et l'impôt négatif"),  retour aux fondamentaux de l'activité bancaire (voir mon post "La prise d'otage permanente"), renforcement de l'éducation pluridisciplinaire (voir mon post "L'école des hommes"), innovation permanente par la stimulation des esprits et compétitivité par la recherche de la qualité et non par la course au profit (voir mon post "Travailler mieux pour gagner encore"), Gouvernance fédérale mondiale et renforcement de l’État dans les domaines économiques de concert avec une redéfinition mondiale de l'éthique et du travail (voir mon post... bientôt disponible!).
Outre mon invitation pas très subtile à (re)lire mes anciens billets, je vous invite à vous poser la question suivante: vivez-vous au dessus de vos moyens ou vous donnez-vous simplement les moyens de vivre? Ne doutant pas de votre réponse, je vous propose alors d'entrer dans la révolution des esprits: Insurgez-vous contre les règles établies et les lavages de cerveaux des agences de notations et autres partis neo-capitalo-con/servateurs.
Donnez-vous les moyens de vivre, car vivre, c'est garder intacte sa capacité à se révolter.

mercredi 9 novembre 2011

La rigoleur

La Fée Follay a envie de se faire plaisir aujourd'hui. C'est un peu lâche et pas vraiment constructif mais ça ne fait pas de mal de temps en temps. Et puis l'été arrive, alors je n'ai pas envie d'être énervée. J'ai envie de rire et de légèreté. J'ai envie de parler de l'ambiance à l'UMP. Ou comment préparer une élection 5 ans à l'avance.

Cope frétille, trépigne, se délecte des conflits internes, et se prend même pour JP Foucault, en tant que grand organisateur du PSthon. On aurait voulu faire un concours de mauvaise foi, on n'aurait pas fait mieux. Ce que j'aime le plus chez lui, c'est quand il prend son air complètement désabusé pour défendre l'UMP. Et son côté "j'assume: on a un bilan catastrophique, qu'on me demande de défendre, mais pour dire vrai, je m'en fous, je préfère qu'on perde en 2012, et me mettre sur le rails pour 2017". Autant quand il y croit à ses arguments (la plupart du temps idiots), je le déteste. Mais là, quand il n'y croit pas du tout, je le trouve plutôt drôle.

Dans le même genre, on a Morano. Alors elle, c'est la meilleure groupie de NS. Elle doit être la seule en France qui n'a pas encore compris que "travailler plus pour gagner plus" c'est de l’esbroufe totale. Qu'on n'ait pas compris ça en 2007, ça m'avait déjà inquiété quant à l'état du peuple de France. Mais qu'on ne l'ait toujours pas compris 5 ans après, en tant que responsable politique de surcroît, là je me dis que le cas est vraiment désespéré. D'un certain côté, ça me fait de la peine pour la pauvre Nadine. Déjà, elle s'était ridiculisée en faisant la promo de l'album de Carla, mais alors là, c'est pire que les fans de Claude François. Avec sa gouaille digne des meilleures vendeuses du port de Marseille, on croirait qu'elle veut piquer la place de comique de droite à Anne Roumanoff.

Dans le club des groupies, je ressors le vieux grimoires et hop! C'est le nom de la Dati qui ressort. Je l'avais presque oubliée! Elle devait peut-être s'occuper de sa fille, ou déguster des cornes de gazelle au Qatar (ah non, on me dit dans l'oreillette qu'elle était / est maire du VIIème à Paris). Je savais qu'elle était pugnace et complètement égocentrique. Elle en est devenue une véritable caricature. D'une certaine manière, elle attire ma sympathie. Avoir été portée aux nues tel le modèle suprême de l'intégration puis jetée comme une malpropre, ça m'aurait donner des envies de revanche, rien que pour faire chier le monde. Allé Rachida, ne fais pas comme Jean-Louis, emmerde les à fond et présente toi contre Fillon!

Jean-Louis parlons en. Mais qu'est-ce qu'il nous a fait? Il a détruit toute sa crédibilité. Comment peut-on croire désormais un homme qui a littéralement baissé sa culotte devant le roi? C'est avec de tels bourgeois qu'on va faire la révolution. Quel manque de courage politique. Ses idées n'étaient pourtant pas toutes mauvaises, et s'adressaient, du moins je le pense, à un électorat de droite, mais pas de droite dure à la Guéant! Il nous a refait le coup de MAM en 2007. On connait la suite.

Je pourrais parler des lieutenants Guéant, Hortefeux, Guaino, mais à vrai dire, la version France Nazie colportée par ces individus ne me fait pas rire.

Alors je vais terminer par celui qui de par son entrain même résume à lui seul le moral de la France. Je veux bien entendu parler de Fillon. Fillon qui, c'est fait, nous a annoncé les grandes mesures de la rigueur: la spoliation de la classe moyenne des français, enveloppée par les résidus du décrottage des mesures phares du quinquennat. Le chantre du réalisme infondé. Qu'il y ait une dette énorme soit. Il faut impérativement régler ce problème. Non, nous ne pouvons pas vivre à crédit éternellement, il faut un rééquilibrage des recettes et des dépenses. Mais les mesures proposées ne règleront rien sur le moyen / long terme. Il ne s'agit que de rustines sur le Titanic. Ce qui m'insurge, c'est de voir l'absence de sens politique, de bravoure, de leadership. Va-t-on attendre que la maison s'effondre entièrement pour conclure que le capitalisme tel que pratiqué aujourd'hui est sans issue? Que demande-t-on à des personnes politiques? A quoi sert la politique? Pour moi, l'usage de la politique est de démontrer que demain n'est pas aujourd'hui. C'est la remise en cause de dogmes, la créativité, l'inspiration, le courage de la transformation, qui permet d'aller au delà de ce qui est en place pour transcender l'humanité, qui permet de faire l'Histoire. Et défendre cela comme programme politique, ce n'est pas seulement offrir de l'espoir, c'est proposer de la volonté et des tripes.

Du sang et des larmes nous dit Fillon, je suis d'accord. Du sang, car le peuple doit se battre pour renverser le système établi. Des larmes, oui mais de rire avec l'UMP Comedie Club, car il faut bien se rattacher, toujours, à la légèreté de la vie. C'est un peu ça, la rigoleur.

PS: En me relisant, je me rends compte que j'ai oublié de rendre hommage à la carrière politique de Besson qui a annoncé sa retraite. Chapeau (retourné comme les vestes) l'artiste!

vendredi 14 octobre 2011

Des alliances élégantes au panache de l'union

Après une semaine bien agitée, la Fée Follay a décidé de remettre ses idées en place. J'ai regardé le dernier débat entre FH et MA, avec le plus d'objectivité possible. J'ai attendu (et attends encore) les ralliements. J'ai écouté attentivement les paroles des uns et des autres. Et puis je me suis rappelée 2007.
Quel que soit le candidat choisi ce dimanche, le peuple de gauche, les humanistes, les écologistes, les sociaux libéraux, les sociaux anarchistes, en bref, tous ceux qui veulent un autre modèle que celui du pouvoir de l'argent au détriment de toute valeur humaine, tous ceux là n'auront pas le choix. La priorité est de gagner 2012 contre Sarkozy, c'est à dire contre ceux qui ne changeront rien au monde d'aujourd'hui. Ce sera la première fois en France, qu'il sera possible de réformer les dogmes en profondeur. Notamment parce que le Sénat est à gauche cette fois ci.
Par dogme, j'entends toutes les dérives du système néo libéro-capitalo-conservateur: la concentration des pouvoirs qui entraine la corruption et condamne la véritable démocratie, l’exacerbation des communautarismes comme substitution à l'action sociale, le formatage des esprits via la minimisation de l'éducation, le délitement de l’État en général à l'instar de la loi, l'économie, la souveraineté des peuples, pour ne citer que les principaux.
Je trouve que c'est une opportunité extraordinaire. Je ne parle pas d'espoir, car l'espoir n'est pas un business modèle comme diraient les aficionados de ce système sus-cité. Bien plus que de simplement battre Nicolas Sarkozy, le candidat élu aura donc cette immense responsabilité que de mettre en action les forces vives de cet extraordinaire pays qu'est la France, afin de redonner à la France la place qu'elle a toujours eu dans le monde: inspirer les libertés nouvelles. Il est grand temps d'accoucher des idées des Lumières portées par la Révolution de 1789, de faire enfin vibrer en harmonie ces trois magnifiques mots que sont Liberté, Égalité, Fraternité, de faire du contrat social de Rousseau une réalité (note de la Fée Follay: premier pas nécessaire vers le modèle politique suprême de la social-anarchie). Car si ce n'est pas la France, et aux yeux de l'Histoire, ce n'est pas prétentieux que de l'affirmer, qui pourrait en être l’instigateur?
La responsabilité est donc immense car le droit à l'erreur est interdit. L'erreur serait de ne pas avoir le courage de construire une Europe aux valeurs humanistes fortes, capables de mettre au pas la financiarisation folle. L'erreur encore serait de prôner le réalisme, alors que le postulat à une transformation de modèle est d'être intimement convaincu dans ses entrailles mêmes, qu'aujourd'hui ne sera pas demain. Que celui qui gagne dimanche soit capable d'une totale abnégation de soi. Qu'elle ou il fasse ce cette fonction son sacerdoce.

Alors mes amis, dimanche allez voter, la fleur au fusil. Après les alliances de ces derniers jours, retrouvez vous tous avec joie, célébrez ce premier pas vers les lendemains qui chantent. Combattez les ordres établis et les puissances non naturelles avec force et conviction, pour éviter que ce mouvement des citoyens en marche n'explose telle une bulle financière. Unissez-vous pour demain, gouverner avec panache.
Un autre modèle est possible. Ultime provocation de la Fée Follay, voici de quoi méditer et ouvrir pleinement votre conscience humaine:
"La folie n'était pas un absolu, ils s'étaient tous volontairement embarqués dans un même voyage, et dans un état de conscience qui n'était que "folie" selon les normes courantes" (Tom Wolfe, Acid Test).

lundi 10 octobre 2011

L'impasse française

La fée Follay n’a pas le cœur joyeux. Bien sur elle est déçue. Mais plus que tout, elle est révoltée et en colère de tant d'accumulation d'injustices. Révoltée, soit... Mais en colère?
Oui, car personne ne trouve cela choquant, et ce n’est pas uniquement moi qui l’ecrit, que les idées de SR ont triomphé mais que cette dernière s’est faite salement éjectée au premier tour des primaires ?

Lorsque FH déclare qu’il mesure la déception de SR, mais qu’elle se rassure car ses idées ont gagné, je suis outrée. Pourquoi ne l’a-t-il pas aidée en tant que Premier Secrétaire du PS a faire triompher ces mêmes idées en 2007 ? Où était-il en ce temps là ? Pourquoi ne s’est-il pas à ce moment là, élevé contre les railleries, en particulier de son propre camp, si aujourd’hui il soutient voire même reprend ces idées ? Quel manque de courage, quelle manque d’estime et marque d’irrespect que de se comporter de la sorte. Et encore, je ne m’aventure pas sur le terrain du privé, qui pourrait lui attirer quelques jets de cailloux bien placés de ma part. Quel est le potentiel de leadership de FH ? En a-t-il seulement ? Le consensus comme stratégie pour ne servir que sa personne a une limite : l’attitude condescendante à l’égard des cadavres qu’il a vu s’ammonceler sur son passage, et desquels il a récupèré les restes pour mieux se nourrir. Cela me fait penser aux commandants napoléoniens qui envoyaient sans rechigner les premières lignes jouer du tambour, pour se faire tuer avec brio, et montrer que non, ils n’avaient pas peur de l’ennemi. Je n’ai pas confiance en ce type d’homme apparemment bonhomme, secrètement pas très humain.

Quand MA se pose en rassembleuse de la gauche, après avoir vole le parti à SR, cela me pose un problème d’éthique. Comme le précèdent, elle ne rechigne pas elle non plus à récupérer les idées de SR. Mais là n’est pas le pire. Le pire vient du fait que cette mère éléphante n’aurait pas hésité à se faire empacter par l’ex plus gros pachyderme du PS. Comment expliquer que de nombreux courants sans aucune cohérence les uns avec les autres se rallient autour de MA ? Quelle est sa ligne politique ? A gauche oui, mais quelle gauche ? Avec qui ? Pour qui ? La gauche du care n’est pas la gauche économique de DSK. La gauche d’appareil n’est pas la gauche libertaire de Delanoe. La gauche du compromis n’est pas la gauche velléitaire de Hamon. MA est la farine autour du rouleau à pâtisserie PS : on écrase bien la pâte sans que ça ne colle. Au final, quelle dilution, quelle incohérence dans la vision politique proposée aux français. Instrumentalisée ou chef d’orchestre, MA restera la petite souris déguisée en mère éléphante, dont les marionnettistes ou le public (suivant sous quel angle on se place) ne seront rien d’autre que les militants PS adorateurs des petites cuisines internes. Reste à savoir si la recette de la potion magique à éblouir le peuple de France sera découverte.

Quant aux cas AM et MV, faut-il rappeler que tous deux ont été élevés dans le sérail SR, et c’est en partie grâce a elle qu’ils ont aujourd’hui la résonance escomptée, car SR a permis un dégraissage d’elephants laissant la place aux jeunes les plus fougueux et iconoclastes. Pour moi, le vote Montebourg est une redite des votes psychologiques Bayrou en 2007, et Chevènement en 2002. En effet, les électeurs se pensent toujours plus malins que les tendances. Alors ils votent en masse pour le candidat providentiel, tous fiers d’eux-mêmes d’avoir repris leur liberté dans l’isoloir. Mais la liberté comme pulsion libératrice est stérile, alors que la liberté comme forme d’intelligence est constructrice. Et puis je vais vous faire une confidence. J’ai travaillé directement pour AM pendant la campagne de 2007. Quelques uns de mes mots, présents sur ce blog, se sont retrouvés dans les discours de SR. J’ai investi de mon temps, de mon énergie, et même de ma réputation en m’affichant résolument comme actrice, même minime, de la campagne de SR. Après cela, rien, pas un mot de remerciement, de lui ou de ses équipes. Silence radio. Je n’écris pas cela car je suis amère, je dis cela par soucis de transparence. Je l’ai observé. Et ce qu’il m’a semblé, c’est que cet homme se positionne pour le combat de sa vie : un remix des joutes oratoires des années Science Po contre son ennemi de toujours, Copé. Qu’importe les idées, pourvu qu’on ait la revanche. Et quel meilleur pari que celui de la gauche à gauche contre une droite en délittement.

Pour éviter que ce billet ne se transforme en une déversée de boue en provenance directe du marais poitevin, je voudrais rappeler qu'on ne peut parler de justice sociale et par extension de justice, si l'on ne met pas en accord ses paroles et ses actes, c'est à dire si l'on accepte ou ferme les yeux sur certaines dérives de l'exercice du pouvoir. La France s'enfermera encore plus dans son impasse si elle se refuse à exister en dehors de ses réseaux d'influences, de ses petits calculs conspirateurs, de l'obstruction aux esprits libres. Les espoirs de changement resteront des leurres, dont les plus manipulateurs et habiles, aux lignes éthiques mouvantes, continueront à abreuver le peuple consommateur, lui même s'éloignant de plus en plus du concept de citoyen. Ou comment passer de la démocratie à la dictature de la masse.

Enfin, je rêve d’une élection sans sondage, sans média. D’une véritable élection de terrain a l’issue de laquelle tous les citoyens dignes de ce nom, c'est-à-dire tous les êtres libres, doués d’intelligence et de conscience, votent au suffrage universel ; que l’on découvre pour de bon ce que signifie « la rencontre d’un homme ou d’une femme avec un peuple ». Mais je dois être bien utopiste de rêver à cela, de rêver à une véritable Res Publica qui serait l’affaire de tous, par les citoyens, pour le peuple.

dimanche 9 octobre 2011

Tu votes ou tu sondes?

Les instituts de sondages seraient-ils le passage obligé avant les urnes? J'entends ici et là la même litanie: il faut voter utile à la primaire pour battre Sarkozy. Traduction: comme les sondages ne mettent gagnant que Hollande et Aubry face à Sarkozy, il faut nécessairement faire élire l'un ou l'autre, qu'importe nos idées, fi de nos convictions intimes.
Mon objectif n'est pas de rappeler que les sondages n'ont jamais fait une élection. Non, mon objectif est de réveiller votre conscience citoyenne et votre liberté d'opinion. J'ai écouté les débats, j'ai lu les écrits des différents candidats. Je m'étonne donc que la majorité des personnes autour de moi s'enflamment pour les deux candidats faits reine et roi par les sondages, c'est à dire MA et FH. Je m'en étonne car il me semble que ce sont les deux candidats avec le moins de propositions, et les plus neutres: ni trop à gauche de la gauche, ni trop à droite de la droite, rasage gratis mais on rembourse la dette. Pourquoi les discours les plus consensuels remportent-ils l'adhésion de la masse? A quoi sert la sollicitation des citoyens, voire même la démocratie, si elles sont usées à une seule et même fin: renforcer les compromis mous?
Mais enfin, peuple de gauche, humanistes, esprits vivants, créatifs, libérés, ce n'est pas en cautionnant l'ordre établi que nous allons insuffler le changement! Ayez le courage de vos idées, allez jusqu'au bout du débat politique, fiers et courageux! Faites triompher le débat programmatique au débat d'images. Osez le chamboulement, révoltez vous contre les résultats connus d'avance, prenez en main votre destin. Quoiqu'il en soit, quel que soit le candidat désigné pour ces primaires du PS, nous ne ferons pas l'économie d'un rassemblement. Également, quel que soit le candidat désigné, il sera le meilleur, car porté par une dynamique. Raison de plus pour renverser les tendances que l'on voudrait nous faire avaler avant le vote.
On parle du succès des primaires comme un fait presque déjà établi. Pour ma part, je pense que le succès n'en sera pas un si l'on ne fait pas mentir les sondages. Ne vous faites pas voler vos primaires! Faire gagner les sondages, c'est faire gagner l'uniformisation des esprits.
Le vote n'est pas un examen auquel l'unique bonne réponse serait la réponse des enquêtes d'opinion. Non, le vote est un moyen d'expression et par extension, une possibilité de changement, l'occasion de faire entendre sa voix et de prendre son destin en main.

Alors, en ce dimanche de premier tour des primaires du PS, chers camarades, sympathisants de gauche, adhérents aux valeur de la gauche, humanistes, utopistes, sociaux-anarchistes, levez-vous, soyez dignes du droit de vote, et portez aux urnes la rupture avec l'ordre établi.

lundi 26 septembre 2011

Travailler mieux pour gagner encore

Travailler plus pour gagner plus, ou comment écrabouiller le travail.
Si l'on veut créer de la croissance demain, ce n'est pas une question de volume qu'il faut se poser, mais une question de qualité. Nous devons innover à nouveau, et faire entrer tous nos brillants cerveaux en ébullition pour créer utile, et produire bien avant de produire en masse.
Je regardais récemment un reportage sur la création de google. Et je me suis demandée pourquoi cela ne se passe pas en France. Alors que, je le maintiens, nous avons TOUS la possibilité d'accéder à une éducation de très haut niveau, qui nous donne la possibilité de penser juste et en connaissance de cause au lieu de régurgiter des théories.
En tant qu'être humains, nous avons l'intelligence, nous ne sommes pas des machines de productions. Tâches répétitives, travaux sans intérêt, dilution du sens intrinsèque du travail, pressions inutiles, rentabilité au détriment de la qualité, reproduction de schémas de production usés etc... La liste des facteurs de déshumanisation du travail est longue.
Ma proposition, la voilà: travailler mieux pour gagner mieux. Comment? En boostant la compétitivité de nos produits existants, et en planifiant les grandes lignes de notre politique industrielle. Nous devons remettre la valeur au centre de nos préoccupations de productions. Nous devons en parallèle structurer et favoriser les investissements vers des industries stratégiques, décidées par l'Etat en coordination avec les acteurs économiques et sociaux (au passage, on redonne un peu de lustre à la politique en lieu et forme des pouvoirs financiers).
Les cerveaux sont là, les ambitions aussi. Ce qui manque, ce sont les soutiens à la jeunesse et à l'intelligence. Dans un pays un peu trop conservateur comme la France en général, de surcroit à droite dure comme la France d'aujourd'hui, les petits pouvoirs et autres individualismes sclérosent totalement les initiatives inspirées.
J'en appelle aux cerveaux des jeunes français, parce que je crois en leur intelligence et créativité profonde. Faites sauter les verrous, entrez dans la révolution des esprits, bousculez les ordres établis. Faites à votre manière, mettez-y du sens et attelez vous à le faire du mieux possible. Et soyez convaincus que ce ne sera pas avec un gouvernement néo-con(servateur) qui ne souhaite sous aucun prétexte mettre l'économie au service du bien être des peuples que vous pourrez exprimer vos talents.
Dès lors, qui donc à gauche nous propose cette vision de la société qui fera que demain, nous travaillerons mieux pour gagner encore? Je vous laisse choisir, mais j'ai déjà ma petite idée sur qui a le pouce le plus vert.

lundi 22 août 2011

Les cigales, les fourmis et l'impôt négatif

Vous êtes encore en vacances, en Amérique Latine, en Corse, ou bien encore dans la maison de Bretagne (oui, oui, que des destinations de BoBo, pour vous mes lecteurs de gauche). Vous êtes bronzés, rafraichis, heureux d'avoir survécu à une nouvelle année de Sarkozisme, soulagé d'avoir sauvé votre assurance-vie jusqu'à la prochaine crise, rassuré pour DSK, plein d'espérance pour Martine, François ou Ségolène (rayez la mention inutile). Mais voilà que dans cette plénitude mi inconsciente mi insouciante, vous avez oublié qu'en rentrant à Paris, déjà énervé et déprimé, la première lettre que vous trouverez au milieu de pubs "discount rentrée" Monop, sera celle du Trésor Public.
Heureusement, pendant que vous roupilliez, le doux son des cigales masquant celui du monde qui s'écroule, la bienveillante petite fourmi Fée Follay elle, pensait...


Au gré de mes pensées, j'ai fait une drôle de trouvaille. Cela s'appelle l'impôt négatif. Le principe est le suivant: tous les citoyens reçoivent le même montant d'allocation de la part du gouvernement, et tous sont assujettis au même pourcentage de taxation sur leur revenu de travail.

Prenons un exemple. Soit un pourcentage de 10% et une prime de 1000 euros.
Si je gagne 1.000 euros en revenu imposable, je paie 100 euros d’impôts, et l’État me verse 1.000 euros. Mon gain net est de 1.900 euros, celui de l’État moins 900.
Si je gagne 10.000 euros en revenu imposable, je paie 1.000 euros d’impôts, et l’état me verse 1.000 euros. Mon gain net est de 10.000 euro, celui de l’État 0.
Si je gagne 100.000 euros en revenu imposable, je paie 10.000 euros d’impôts, et l’État me verse 1.000 euros. Mon gain net est de 91.000 euros, celui de l’État 9.000.

Bien entendu, ce n'est qu'un exemple et il reste a fixer le pourcentage et la prime à un niveau national, adapté à nos besoins. Car présenté de cette manière, cela semble très simpliste.

Ceci dit, il me semble que les avantages sont multiples : effet de lissage de la progressivité de la taxe sur la valeur travail, disparition des effets de seuil, sentiment d’égalité face a l’impôt sur les revenus, flexibilité positive sur les salaires de par l'absence d'un salaire minimum, relance du pouvoir d'achat pour les ménages les plus pauvres, absence d’étouffement par l’impôt pour les ménages les plus fortunés...



Alors mes petites cigales? Ça vous plait comme idée? Réfléchissez-y au moins dans le train du retour. Ça vous évitera peut-être de moins pester telle une fourmi pas prêteuse au moment d'ouvrir la boîte aux lettres.

dimanche 7 août 2011

HA HA HA - it's just another brick in the wall.

Enfin, les zorros de la finance ont remis de l'ordre: pour la première fois de leur existence, ils n'ont pas signé d'un AAA à la pointe de l'épée. Le premier de la classe n'est plus, les maîtres ont tranché malgré les contestations de ces derniers.
La contestation en question est une petite erreur de calcul dans le corrigé, une petite erreur de quelques trillions. De toute façon, erreur ou pas erreur, depuis le temps que les maîtres financiers bourrent le crâne de l'opinion publique mondiale avec les problèmes de dette des élèves états, il fallait faire un exemple.
Car il faut bien le dire, en particulier suite à la crise de 2008, on a frôlé la catastrophe: faillite des maîtres, contraints de solliciter la clémence boursière des élèves pour assurer l'avenir de la plus grande institution du savoir humain, l'Argent.
Vous imaginez les conséquences? Les états auraient remis un peu d'ordre à coups de régulations et lois, ils se seraient organisés en instances de gouvernance globale, c'eût été le retour de l'usage efficace de la fonction politique, la démocratie aurait pris tout son sens, et on aurait peut-être même abouti à un renversement des valeurs, à savoir l'Humain au centre, avec l'économie comme moyen d'émancipation. Le monde se serait transformé en clip des Pink Floyd, le peuple chantant we don't need no éducation. En d'autres termes, le chaos!

Avec cette mauvaise note, tout rentre dans l'ordre, en nous faisant bien comprendre qui dirige l'école du monde. C'est comme un avertissement, pour dire que dans le grand cycle de la matière capitalisme, tout doit continuer tel qu'il est aujourd'hui . Aux crises succèdent les bulles, qui créent des crises. Les crises éprouvent la clémence des états, affaiblissent la démocratie, pressurisent les salariés. Les bulles restent le filet de sécurité des financiers, garantes de la diabolique créativité destructrice de l'économie réelle, pour un accroissement du profit irréel.

N'y aurait-il que la cynique Fée Follay pour en rire? Encore une nouvelle preuve de l'immaturité de son utopisme irréaliste?

lundi 25 juillet 2011

Je pense donc je France

Fraichement rentrée de mon escapade française, que lis-je sur lemonde.fr ? Madame Royal veut renouer avec le prestige de la France. Mais quelle idée saugrenue, n'est-il pas ?
Le passé, c'est le passé ! Adieu Montaigne et La Béotie, avec vos certitudes sur les liens magiques qui unissent les hommes. Du vent Les Lumières et vos grands écrits sur l'égalité des hommes et leur libre arbitre. Au bucher Ferry (Jules bien sûr, non pas notre illustre philosophe contemporain éponyme, Luc), emportes-y ta République laïque.
Il faut se tourner vers l'avenir désormais. Nos savoir faire mondialement reconnus, notre élégance dans chacuns de nos gestes et pensées, notre obsession de la beauté, cette certaine idée de l'humain qui nous pousse naturellement à la tolérance, notre capacité à raisonner avec brio, notre habileté rhétorique. Dites-moi donc à quoi cela va-t-il nous servir dans ce nouveau monde globalisé ? Pourquoi réapprendre à penser à nos enfants, dans nos écoles ? Toutes ces idioties ne sont que foutaises, encore des excuses pour faignanter et profiter du système alimenté par ceux qui produisent. Notre président par exemple. Pourquoi diable n’a-t-il pas ouvert un livre de sa vie ? Eh bien car lui ce n’est pas un profiteur assisté non rentable ! Pas comme les Mitterrand, Giscard, De Gaulle, qui eux, en ont lu des livres ! Tellement qu'ils en ont même écrits ! Notre président, il n'a pas le temps: il travaille, il produit, il s'active. Vous l’aurez bien remarqué. Toutes ces nouvelles lois sorties en 5 ans. Et il s'occupe de tout en plus: exécutif, législatif, judiciaire, et même media / marketing. Ça, c'est de la production : straight through processing, focus delivery, management just on time, end to end control, max ROI. Donc ses seuls instants de libre, on le comprend, sont consacrés aux choses simples de la vie, comme, par exemple, faire un enfant.

Moi, je vous le dis, à vouloir réalimenter nos esprits pour inventer et créer de nouveau, en aspirant à redevenir les leaders de la pensée du monde, on va finir comme les Grecs et les Italiens... Tiens au fait ces peuples, les Grecs et les italiens, c'étaient pas des peuples super à la pointe de la pensée humaine à un moment de l’(H)histoire ? La cité, la Res Publica, tout ça... Ce n’est pas eux? Qu'est-ce qui leur est arrivé? Vous n’auriez pas une idée par hasard ?... Voyons voir… J'en ai peut être une, moi... J’ai comme l’impression qu'ils se sont arrêtés de penser.

mardi 14 juin 2011

Miss PadawAAn chez les gaulois, Billy Bong Kronic chez les Bisounours

A chaque élection présidentielle, et ce depuis que je suis en âge de comprendre, elle s'invite dans le débat. Ce n'est pas qu'elle y est clairement invitée, mais il faut bien le dire, le public, voire même quelques politiques, la réclament. Tout le monde la connait, beaucoup la croisent, certains la fréquentent, très peu l'exploitent. Elle entre toujours par la porte de gauche, avec son petit air malicieux, comme pour dire "alors, quels arguments m'avez-vous prépare cette fois pour me refuser mon passport?".
Cette année encore, Miss PadawAAn a chevauché son dragon depuis 11ErolawEEd, pour nous arriver toute fraîche et paisible.

Si je comprends bien, ce sont les violences à Sevran qui ont relancé les discussions. Délire ultra sécuritaire oblige, les arguments "illégalité, donc dealers, donc violence, donc insécurité" ont été les premiers sur le terrain. Mais maintenant que Miss PadawAAn vient d'arriver, je propose un vrai débat de fond, qui par extension, résoudra les problèmes collatéraux.

La dépénalisation, c'est avant tout une question de transparence au travers des volutes hypocrites des industries du tabac, de l'alcool, des médicaments, des armes, du sexe, etc... Tout système établi doit faire face un jour ou l'autre à ses dérives, ses addictions, ses déviances. C'est pour cela que les autorités mettent en place des instances de gouvernance indépendantes plus ou moins efficaces. Je ne suis pas une pro fumette, poussant à la déperdition de notre jeunesse via la transcendance des interdits. Je voudrais simplement comprendre. Pourquoi Miss PadawAAn n'est jamais la bienvenue, sauf en Hollande (et encore, même là bas on veut se l'approprier pour les locaux uniquement) ? Si seulement quelqu'un avait une explication rationnelle, autre que "c'est de la drogue, ça rend addict" ou encore "ça ouvrirait trop les consciences, ça créerait des révolutions", je suis prête à écouter.

Mais soyons honnête 2 minutes. Quels sont les risques tangibles d'une société à dépénaliser l'usage du cannabis pour consommation personnelle? Tout le monde de ma génération ou presque a fumé des clopes ou pris un verre avant 18 ans. Ca n'a pas fait de nous des cancéreux à 30 ans ou des alcooliques anonymes. Une fois encore, il s'agit de bon sens et de responsabilisation. Il s'agit de pouvoir jouir de son plaisir sans entrave à sa liberté et celle des autres. Il s'agit de partage et d'ouverture. Il s'agit enfin de rire, de joie, de découverte et d'expérience.

Alors voila ce que je propose, dans la droite mode des droits et devoirs. Notre droit, ce serait de pouvoir se procurer de la bonne herbe, proprement cultivée, légalement distribuée, raisonnablement taxée, convenablement profitable. Notre devoir, ce serait d'en user avec modération, sans en faire l'apologie, sans en dépendre outre mesure, sans en commercer en dehors des circuits officiels, sans en user pour autre chose que son bien être.

En attendant le retour de Miss PadawAAn, chez les Bisounours, on accueille le cousin Billy Bong Kronic, qui lui, a un passeport tout à fait légal ici.

mercredi 1 juin 2011

Come together - right now - over me

Allé hop! Tous ensembles pour une partouze géante, fusion des corps et des idées! Anarchisation des démocraties, libération des consciences et libertinage des fesses!

Oh oui! Ere du verseau, dans tes révolutions pacifistes, viens donc nous enivrer de plaisir, nous émoustiller de créativité, nous transcender de joie. Ne cassons pas avec haine, mais changeons avec amour.

Que les tétons pointent, les verges se tendent, les langues se délient, les corps s'embrassent, les bouches s'ouvrent, tous ensemble dans une harmonieuse étreinte universelle!

dimanche 22 mai 2011

Pan! Pan!... fait le pistolet. Et la plume? Dans le cul-cul!

Cette semaine, je comptais écrire sur la fonction présidentielle sous la Vème République, ou comment démontrer par A+B que DSK n'était pas le candidat idéal. J'y reviendrai plus tard, et certainement avec un autre éclairage. Car il y a plus grave aujourd'hui.

Je viens d'entendre FOG sur l'émission-débat de France 2 consacrée à ce que l'on nomme désormais "l'affaire DSK". Et FOG de nous parler de la crédibilité morale de la gauche, nous demandant presque de nous excuser d'avoir attaqué le roi sur son permanent et méprisant étalage de fric. Je suis totalement sidérée et révoltée par ces accusations, qui plus est en provenance d'un journaliste sous le feu des projecteurs. Mais dites-moi de quelle morale parle-t-on à ce stade? 

Ces relents nauséabonds de puritanisme me font froid dans le dos. Voilà donc qu'au pays de Montaigne, Sade et Rousseau, quiconque aux mœurs libertines serait passé au bûcher de la morale de la dogmatique droite des puissances de l'argent? La devise officieuse de mon pays serait-elle redevenue pétainiste: travaille toujours plus, sans te plaindre car si tu oses revendiquer tu subiras les pressions de tes chefs, fonde une famille telle ton roi et sa Carla, défends ta patrie contre les envahisseurs noirs et arabes?


Alors bien sûr DSK tout comme bon nombre d'hommes de pouvoir sont des séducteurs invétérés. Je parle des hommes, mais je pourrais aussi bien parler des femmes de pouvoir. Également, la France est un pays à l'Eros très fort, les codes sociaux sont dictés par une séduction permanente, une certaine intelligentsia a des moeurs libérées. Mais enfin, dois-je rappeler que la séduction est un art, que le libertinage relève d'un consentement et d'une certaine forme de raffinement? Ici, on ne parle pas de productions pornographiques où les puritains viennent soulager leurs pulsions animales. On est sur un toute autre planète: celle de l'affranchissement de l'Homme face aux dogmes établis, celle de la créative communion des corps et des esprits, celle de l'amour et du partage universels.

Autre point à évoquer. La séparation de la sphère privée d'avec la sphère publique. Et sur ce point là, que ce soit en matière de religion ou de mœurs, la droite de Sarkozy se montre dangereusement friande d'un mélange des ces deux notions. Français, cela ne vous effraie donc pas? Nous voilà contrôlés sur chacun de nos actes les plus intimes, la vie privée passée au scanner, verbalisée même si l'on a le malheur de flatter le plus vieux métier du monde. Faut-il passer le cul des français à la question, et ce sur la place publique? Non merci!

Français, retournez donc à vos boudoirs, il est temps de reprendre la philosophie. Sinon, pan-pan cul-cul!

dimanche 15 mai 2011

L'école des Hommes

Hier soir, Michelle et moi nous étions donné RDV pour dîner à la Bodeguita del Medio, version Sydney sider de la Bodega del Medio de la Havane. Collant tant bien que mal à l’original, nous avons commencé avec un mojito au bar. Son “boss” nous a rejointes. Le “boss”, c’est un bel allemand d’âge mûr, d’une intelligence qui rayonne au premier coup d’œil. Et lorsqu’une jeune française rencontre un allemand de la génération post 45, que cette française est une idéaliste passionnée, et cet allemand un penseur réaliste, on est proche du coup de foudre cérébral, et les ébats sont exaltants. Cela m’a toujours fascinée : comment deux peuples ayant une conception si identique du monde et de l’individu, peuvent-ils être si éloignés dans la mise en application de leur pensée. Bref, là n’est pas le sujet, pas pour tout de suite du moins.
Mon nouvel ami donc, que nous appellerons Gunther, pour préserver son anonymat mais surtout pour cacher que j’ai oublié son nom, est un homme d’exception : brillant étudiant en Allemagne, il a poursuivit son éducation a Science Po Paris, parfait la pratique des affaires dans un prestigieux MBA, travaillé pour le Boston Consulting Group, été Shadow minister en Allemagne, avant de prendre la mer pour plusieurs années avec sa femme et ses cinq enfants, voyage qui le mènera en Australie où sa toute nouvelle entreprise ambitionne de faire la nique au Beatles (car c’est ainsi que l’on nomme les majeures banques australiennes se partageant le butin austral).
Nous en voila donc à parler d’éducation. Et Gunther de partager son analyse.
En Allemagne, on nous apprend à développer notre jugement critique. Quelques fois, au détriment de la substance. Il faut avant tout critiquer. Une fois le catéchisme de la critique accompli, on peut appliquer sans complexe. En France, il faut construire une opinion. En trois étapes, thèse, antithèse, synthèse, comme une garçonnière parisienne pour mari infidèle, chambre, salle de bain, cuisine. Mais attention, on ne fait pas ça n’importe comment : développer son opinion sans rhétorique, c’est comme se rendre chez sa maîtresse puis tout avouer a sa femme : point de panache. Fort de l’éducation de qualité reçue dans ces prestigieuses institutions allemande et française, il s’embarque pour un MBA aux États-Unis. Lors de son premier exposé, il n’aura pas fallu plus de 5 minutes aux étudiants US pour le presser d’en venir au faits. Adieu critique et rhétorique, ici, on était dans le temple de l’efficacité : produire un maximum en un minimum de temps.
Un autre aspect de l'école à la française amuse Gunther. L’Allemagne ne proposant pas de cours par correspondance « du fait de [leur] histoire », ses 5 enfants ont suivi les cours du CNED pendant les années de voilier autour du monde. A sa grande surprise, ses enfants doivent suivre des cours de musique. Or, Gunther emploie des professeurs pour chaque matière. Mais où donc trouver un professeur de musique prêt à s’enrôler pour plusieurs années sur un bateau afin d'apprendre à jouer de la flûte à 5 petits allemands. Je vous laisse imaginer les situations cocasses que cela a pu causé, notamment lorsque la censure Birmane se retrouve à écouter une cassette audio des mioches jouant frère Jacques à la flûte, avant envoi de la dite cassette à Poitiers pour évaluation par le CNED.
Eh bien c'est cela que j'aime dans l'école de la République, l'école laïque de Jules Ferry. C'est qu'elle forme des Hommes. Elle ne forme pas de techniciens au service de tel ou tel besoin de l'économie, elle s'attache à former des hommes au service de l'humanité. Ces services, bien entendu, se déclinent en diverses technicités : qui d'un scientifique, qui d'un ouvrier, qui d'un entrepreneur etc... Mais le socle commun de tous, c'est une certaine idée du savoir, de la culture, de la capacité de l'Homme à penser.
Aujourd'hui, si je regarde mon environnement de travail australien, alors que je suis sensée appartenir à une organisation qui recrute « les plus brillants », je suis loin d'être éblouie par de quelconques lumières. Certes, certains sont excellents lorsqu'il s'agit de débiter les théories économiques et financières ingurgitées à l'université. En comparaison de la moyenne, dont le discours se résume à « uni sucks » ou encore « I can't remember a thing of uni », les petits soldats des universités majoritairement sponsorisées par les plus grosses institutions financières du pays, font figure de génies. Mais dès que les génies sont amenés à travailler hors de leur zone de confort, ou bien à émettre un raisonnement qui ferait appel à d'autres types de connaissances que celles pour lesquelles ils ont été formatés, c'est le dérapage assuré, et l'argumentation par story telling, de type « mais si je te donne 10 millions demain, tu ne les prends pas, tu les redistribues ? ».
Voilà pour les bisounours. Mais chez nous aussi, ça coince, à un autre niveau. Il existe comme un désintéressement généralisé de l'humain, au profit de la ressource. Ressources humaines vides de tout capital humain. J'ai étudié dans ces grandes écoles, j'ai même participé au recrutement de ces futurs étudiants. Ce qui m'a quelques fois choquée chez certains, c'est le manque de culture, cette ignorance et ce mépris pour le savoir en général, et la réflexion en particulier.


Moi j'ai aimé l'école, tout le temps. Même lorsque j'étudiais les mathématiques et les sciences physiques plus de 20h par semaine, j'ai toujours trouvé du plaisir et de l'émerveillement dans un cours de français ou un cours d'écriture. Je me rappelle encore du frisson, du haut de mes 8 ans, à réciter les vers de Victor Hugo à sa fille « Demain dès l'aube à l'heure où blanchit la campagne... ». Je me rappelle de mon excitation à commenter des textes en Espagnol sur Cuba. Je me rappelle le jour où j'ai appris à dire en anglais « une femme de carrière ». Je me rappelle mes heures de rédactions sur les dernières pages de L'Etranger de Camus, mon émotion à lire « Avec Toi / Sans Toi » d'Eluard, ma joie à trouver LA citation de Spinoza pour finir mon analyse du poème de Claude Roy sur sa « Dormante ». Aussi, je me souviens de ma copine Rachida qui me faisait rire aux éclats en parlant arabe « comme à la maison ». Je me souviens de la joie de Moctar lorsqu'il vit de la neige tomber pour la première fois. Je me souviens du débat enflammé entre mon prof d'histoire et une partie de la classe du lycée du 8ème de Marseille, sur le rôle de la France en 40. Enfin, je me souviens de ce prof de maths, me demandant « Et vous, vous en pensez quoi de la loi sur la parité ? », prof de maths que je quitterais les yeux embrumés au mois de Juin, car de lui, j'aurais appris la passion de la connaissance et le bonheur de la partager.
De l'école, j'ai peut-être oublié deux ou trois choses. Mais ce que je sais, c'est que l'école m'a mis le pied à l'étrier pour faire avancer mon âme. C'est pour cela que je suis pour une suppression totale des écoles privées. Au contraire, concentrons nous sur l'école publique, redonnons lui les moyens de briller, elle en a toutes les capacités. En remettant le savoir au cœur du dispositif, en valorisant les professeurs, en inculquant l'amour de l'apprentissage, en réinstaurant une discipline ferme, en abolissant toute forme de rentabilité. Quel financement me répondrez-vous? Public bien sûr, mais également privé, par mécénat obligatoire de toute entreprise privée (ce qui par ailleurs, redonnerait un rôle sociétal à l'entrepreneuriat, mais cela, j'y reviendrai dans un post plus tard).
Que l'on forme des techniciens, des experts, des professionnels, soit. Mais que l'on s'attache avant tout à former des esprits capables d'embrasser les grands desseins de l'humanité. Dans ses Ecrits Politiques, le Marquis de Sade nous dit : « Pour former de grand desseins, il faut avoir l'esprit libre et reposé ». Alors oui, laissons le temps aux débats rhétoriques, nourrissons nos étudiants de savoirs variés ; de ses esprits, écloront de nouveaux savoir-faire.
Pour conclure, et comme cette semaine ce fut l'anniversaire de la disparition de François Mitterrand, je ne bouderai pas mon plaisir en citant un extrait d'un de ses derniers discours :
« L'école, je ne déifie rien, c'est quand même là que l'on est pour apprendre, c'est là que l'on est pour avancer, pour gagner du terrain, pour aborder du primaire au secondaire puis au supérieur, ce que sera la vie, la vie entière, la vie qu'il faudra aborder avec, sans doutes, les moyens de l'intelligence et les moyens matériels, mais auxquels il manquera toujours si vous n'êtes pas non plus formé pour cela, un certaine idée de l'homme dans la société, de l'individu par rapport à l'état, un certain sens de la liberté, une volonté d'égalité, un désir non pas désespéré mais acharné, à préférer le respect des autres à la domination ou à la répression. ».

samedi 7 mai 2011

La prise d'otage permanente


J'ai ressorti mes anciens « Monde Diplomatique ». J'aime bien retrouver ce qu'on a écrit quelques années auparavant pour le comparer à ce qu'il en est aujourd'hui. Dans celui de Mars 2008, je suis tombée sur cet article « Crise financière, surtout n'en tirer aucune leçon ». L'auteur Frédéric Lordon, y évoquait notamment la séparation de la banque de détail et de la banque d'investissement, une proposition du programme du parti socialiste pour 2012 au passage. Je me suis donc plongée dans cette idée, et ai décidée d'en faire l'axe de réflexion de mon article de la semaine.


Lorsque les temps sont durs, pour quelque raison que ce soit, il est un phénomène très naturel applicable à toute entité morale ou physique : le recentrage sur l'intérieur (son « core system » pour les anglophiles). En d'autre termes, il s'agit de maintenir sa structure biologique (cf. Henri Laborit, Éloge de la fuite).

Originellement, qu'est-ce donc que le rôle de la banque ? Je dis bien la banque, et non pas une quelconque institution financière. Au lieu que mémé cache ses maigres économies sous son matelas, elle va déposer ses billets à la banque, dans un lieu sûr, moyennant une commission. Si j'ai besoin d'argent pour acheter mon appartement, la banque me prête de l'argent, moyennant une commission. Donc la banque et ses banquiers sont plutôt des gens qui rendent service aux quidams. D'où l'importance sociétale de la banque.

Ensuite, il y a les services financiers au service du capitalisme. Mais ça ce n'est pas pour mémé, ni pour moi. C'est plutôt pour des gens comme Liliane dont les billets débordent du matelas ou Jean qui est né propriétaire. Ça les aide à faire fructifier leur capital existant, pour qu'à leur tour ils investissent dans des projets pour le bien de l'économie, et ce de manière personnelle et philanthrope (une campagne présidentielle, une montre pour l'anniversaire de papa le président etc...). Comme ça, quand l'économie se porte bien, c'est toute la société qui en profite (emploi, donc pouvoir d'achat, consommation, etc...). Ainsi, un jour béni arrivera où mémé et moi, on pourra sauter la barrière et toucher du doigt le fabuleux monde de Liliane et Jean. Enfin la principale idée ici, c'est que la finance d'investissement n'est pas statique, mais dynamique. Les investisseurs empruntent de l'argent, le réinvestissent, et ça fait plus d'argent pour les déjà riches et par extension pour les bientôt riches. Et ainsi de suite, il n'y a pas de pauvres !

Le problème c'est d'où vient l'argent qu'on empreinte pour faire de l'argent.
Par une fabuleuse confusion des genres, on ne sait pas vraiment. Et au final, il se peut que par un effet domino, d'un bout à l'autre de la chaîne, Liliane et Jean ont fait de l'argent pendant des années en utilisant ce que mémé et moi avions mis à la banque, mais qu'au moment de payer l'addition, la dilution du risque était telle que mémé et moi, on a dû en payer les conséquences car c'était une nouvelle crise : moins d'épargne pour mémé, plus de crédit pour moi, on ne sera pas bientôt riches.

D'ailleurs, il y a eu d'autres dégâts dans cet écroulement de château de cartes. En effet, Liliane et Jean ont confié leur argent à des gens compétents en Finance (les traders). Ces gens compétents en Finance, ils font quelques opérations magiques sur des ordinateurs, et reviennent vers Liliane et Jean avec plus d'argent (moyennant une commission bien entendu). Lors des opérations magiques sur les ordinateurs, les traders ont le pouvoir en quelques clics d'acheter des biens de première nécessité en grosse quantité, de les retenir pour quelques jours, et donc, loi de l'offre et de la demande, de faire monter les prix. Les dommages collatéraux, comme par exemple le Sénégal qui s'affame, c'est un mal nécessaire pour faire tourner la machine. C'est la loi du marché, l'offre et la demande, on n'y peut rien.


En fait si, on y peut quelque chose. En revenant aux fondamentaux de l'être humain, de l'économie de marché, des théories capitalistes.

De l'être humain d'abord. Ce qui nous différencie des animaux, c'est notre cerveau. Tellement gros, qu'on a développé la conscience et tout ce qui va avec. Donc comme nous ne sommes pas des animaux, ce n'est pas la loi du plus fort qui doit s'appliquer à nos modèles sociétaux. Tout cela, j'y reviendrai la semaine prochaine, dans un article sur l'éducation.

De l'économie de marché ensuite. L'économie quelle qu'elle soit n'a jamais été inventée pour servir l'économie uniquement. L'économie est une composante du développement de l'humanité, elle n'est pas son unique vecteur de développement. Dans la spirale ascendante de l'évolution, elle peut nous donner des impulsions, mais pas être le moteur à elle toute seule. C'est en mettant l'être humain au cœur de ses préoccupations qu'elle sera efficace et remplira son rôle de composante positive. Non pas en phagocytant notre évolution, c'est à dire en se transformant en agent de régression pour l'humanité. Concrètement, cela peut se traduire par une interdiction de spéculer et un plafonnement des prix sur les biens de première nécessité.

Des théories capitalistes enfin. Le risque est au cœur de cette théorie. Ça tombe bien j'adore le risque, et l'adrénaline qui va avec ! En d'autres termes, j'en assume les conséquences que ça tourne à mon avantage ou non. Je ne distribue pas mon risque à la terre entière en attendant d'en récolter les lauriers si mon pari est gagnant, ou de laisser tout le monde dans la faillite si je perds mon pari. Je joue avec mon argent, pas celui des autres. C'est donc l’appétence au risque en regard de sa dilution qui sont à recadrer, et à contrôler au niveau de la finance mondiale. C'eût été un bon projet pour l'international socialiste DSK, mais il semble que les ors sondagiers de la République l'appellent au secours. En tout cas, quel que soit le candidat de la gauche, je souhaite que la mesure de séparation entre banque de détail et banque d'investissement soit mise en œuvre en France. Car le système actuel n'est autre qu'une prise d'otage de tous sous couvert de libre circulation de flux financiers. Rendons la liberté aux hommes, et contrôlons les flux, plutôt que l'inverse.


Voici donc l'invitation de la semaine : retournez aux fondamentaux. Moi j'ai commencé cet après-midi, en vous écrivant depuis la plage, où je contemple le vent dans les cheveux, mère nature qui fait l'amour à Poséidon, sous une éblouissante lumière soleil. Élémentaire.

samedi 30 avril 2011

Rois et Reines

Il y a un an, je quittais la France, heureuse de fuir une atmosphère devenue irrespirable, triste de réaliser que le grand changement espéré 3 ans plus tôt n'avait pas eu lieu. Le désormais acquis "déclin de la France" était devenu une réalité, les désirs d'avenir piétinés. On avait beau travailler plus, on était plus malheureux et surtout pas plus riches. On ne s'aimait plus.
Dans un an, la France élira un(e) nouveau(elle) chef d'état. J'ai donc décidé de suivre et tracer l'évolution de la situation à travers ce blog, depuis mon pays de bisounours. Un an pour discuter, pour échanger, pour rêver, pour s'engueuler, mais surtout, pour s'aimer à nouveau, et pourquoi pas, exulter tous ensemble dans une géniale partouze d'idées.

Ce blog n'a strictement aucune prétention, mais deux objectifs:
1. Analyser l'évolution socio-politique de la France de manière rationnelle, et non émotionnelle. Si vous détestez Ségo "parce qu'elle parle comme une chèvre", si vous adulez Sarko "parce qu'il fait ce qu'il faut faire", si vous pensez que JLB est un alcolique dégueu et Hollande est plus sexy après son régime, passez votre chemin.
2. Etre une harmonieuse plateforme d'idées créatives, idéalistes, utopistes, mais surtout pas un fourre tout de poncifs éculés au son du "oui mais c'est pas réaliste, et puis c'est comme ça". Sans convictions décalées pas de changement, et pas de changement, c'est la fin de l'Histoire.

Dans la mesure du possible, je me nourris des dernières nouvelles de France, via les émissions politiques de iTV, BFM, Mots croisés, C Politique, Dimanche +, j'achète des journaux à l'Alliance Française tels que le Nouvel Obs ou Le Monde. Et bien entendu, je me nourris de mes expériences, de mes lectures, et de mes conversations avec mes compatriotes restés sur place.

"La plume ou le pistolet", je l'ai volé à mon auteur préféré, Milan Kundera, dans La vie est ailleurs:
Il a troqué sa plume qui est la clef de l'âme du poète, pour le pistolet qui est la clef des portes du monde.
Dans un an, je choisirai donc, entre la plume et le pistolet. J'espère que ce sera la plume. Mais si la situation l'impose, ce sera le pistolet.

Mon modèle politique suprême serait un anarchisme éclairé (et je précise qu'anarchisme n'est pas synonyme de désordre). L'anarchisme est l'absence de pouvoir. Éclairé, car seules les lumières de la connaissance permettront aux Êtres Humains de s'affranchir des pulsions animales de domination.
L'état de liberté ne peut s'atteindre sans lumières, de même que les lumières ne peuvent briller sans des esprits constamment libres. D'où le principe indissociable d'anarchie éclairée. D'autres l'appelleront par d'autres termes: humanisme, régime libertaire, individualisme responsable... Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse. Je vous invite donc à vous saouler de mots doux, d'idées folles, de provocations et autres volutes. Esprits râleurs et rageurs, s'abstenir!

Que le roi s'attache donc au royaume légué par ses ancêtres. Qu'il l'embellisse de son mieux et le rende le plus florissant possible. Qu'il aime son peuple et s'en fasse aimer. Qu'il vive au milieu des siens. Qu'il les gouverne avec douceur et laisse en paix les pays étrangers, étant donné que son royaume à présent est trop étendu pour lui.
L'utopie - Thomas More