lundi 10 octobre 2011

L'impasse française

La fée Follay n’a pas le cœur joyeux. Bien sur elle est déçue. Mais plus que tout, elle est révoltée et en colère de tant d'accumulation d'injustices. Révoltée, soit... Mais en colère?
Oui, car personne ne trouve cela choquant, et ce n’est pas uniquement moi qui l’ecrit, que les idées de SR ont triomphé mais que cette dernière s’est faite salement éjectée au premier tour des primaires ?

Lorsque FH déclare qu’il mesure la déception de SR, mais qu’elle se rassure car ses idées ont gagné, je suis outrée. Pourquoi ne l’a-t-il pas aidée en tant que Premier Secrétaire du PS a faire triompher ces mêmes idées en 2007 ? Où était-il en ce temps là ? Pourquoi ne s’est-il pas à ce moment là, élevé contre les railleries, en particulier de son propre camp, si aujourd’hui il soutient voire même reprend ces idées ? Quel manque de courage, quelle manque d’estime et marque d’irrespect que de se comporter de la sorte. Et encore, je ne m’aventure pas sur le terrain du privé, qui pourrait lui attirer quelques jets de cailloux bien placés de ma part. Quel est le potentiel de leadership de FH ? En a-t-il seulement ? Le consensus comme stratégie pour ne servir que sa personne a une limite : l’attitude condescendante à l’égard des cadavres qu’il a vu s’ammonceler sur son passage, et desquels il a récupèré les restes pour mieux se nourrir. Cela me fait penser aux commandants napoléoniens qui envoyaient sans rechigner les premières lignes jouer du tambour, pour se faire tuer avec brio, et montrer que non, ils n’avaient pas peur de l’ennemi. Je n’ai pas confiance en ce type d’homme apparemment bonhomme, secrètement pas très humain.

Quand MA se pose en rassembleuse de la gauche, après avoir vole le parti à SR, cela me pose un problème d’éthique. Comme le précèdent, elle ne rechigne pas elle non plus à récupérer les idées de SR. Mais là n’est pas le pire. Le pire vient du fait que cette mère éléphante n’aurait pas hésité à se faire empacter par l’ex plus gros pachyderme du PS. Comment expliquer que de nombreux courants sans aucune cohérence les uns avec les autres se rallient autour de MA ? Quelle est sa ligne politique ? A gauche oui, mais quelle gauche ? Avec qui ? Pour qui ? La gauche du care n’est pas la gauche économique de DSK. La gauche d’appareil n’est pas la gauche libertaire de Delanoe. La gauche du compromis n’est pas la gauche velléitaire de Hamon. MA est la farine autour du rouleau à pâtisserie PS : on écrase bien la pâte sans que ça ne colle. Au final, quelle dilution, quelle incohérence dans la vision politique proposée aux français. Instrumentalisée ou chef d’orchestre, MA restera la petite souris déguisée en mère éléphante, dont les marionnettistes ou le public (suivant sous quel angle on se place) ne seront rien d’autre que les militants PS adorateurs des petites cuisines internes. Reste à savoir si la recette de la potion magique à éblouir le peuple de France sera découverte.

Quant aux cas AM et MV, faut-il rappeler que tous deux ont été élevés dans le sérail SR, et c’est en partie grâce a elle qu’ils ont aujourd’hui la résonance escomptée, car SR a permis un dégraissage d’elephants laissant la place aux jeunes les plus fougueux et iconoclastes. Pour moi, le vote Montebourg est une redite des votes psychologiques Bayrou en 2007, et Chevènement en 2002. En effet, les électeurs se pensent toujours plus malins que les tendances. Alors ils votent en masse pour le candidat providentiel, tous fiers d’eux-mêmes d’avoir repris leur liberté dans l’isoloir. Mais la liberté comme pulsion libératrice est stérile, alors que la liberté comme forme d’intelligence est constructrice. Et puis je vais vous faire une confidence. J’ai travaillé directement pour AM pendant la campagne de 2007. Quelques uns de mes mots, présents sur ce blog, se sont retrouvés dans les discours de SR. J’ai investi de mon temps, de mon énergie, et même de ma réputation en m’affichant résolument comme actrice, même minime, de la campagne de SR. Après cela, rien, pas un mot de remerciement, de lui ou de ses équipes. Silence radio. Je n’écris pas cela car je suis amère, je dis cela par soucis de transparence. Je l’ai observé. Et ce qu’il m’a semblé, c’est que cet homme se positionne pour le combat de sa vie : un remix des joutes oratoires des années Science Po contre son ennemi de toujours, Copé. Qu’importe les idées, pourvu qu’on ait la revanche. Et quel meilleur pari que celui de la gauche à gauche contre une droite en délittement.

Pour éviter que ce billet ne se transforme en une déversée de boue en provenance directe du marais poitevin, je voudrais rappeler qu'on ne peut parler de justice sociale et par extension de justice, si l'on ne met pas en accord ses paroles et ses actes, c'est à dire si l'on accepte ou ferme les yeux sur certaines dérives de l'exercice du pouvoir. La France s'enfermera encore plus dans son impasse si elle se refuse à exister en dehors de ses réseaux d'influences, de ses petits calculs conspirateurs, de l'obstruction aux esprits libres. Les espoirs de changement resteront des leurres, dont les plus manipulateurs et habiles, aux lignes éthiques mouvantes, continueront à abreuver le peuple consommateur, lui même s'éloignant de plus en plus du concept de citoyen. Ou comment passer de la démocratie à la dictature de la masse.

Enfin, je rêve d’une élection sans sondage, sans média. D’une véritable élection de terrain a l’issue de laquelle tous les citoyens dignes de ce nom, c'est-à-dire tous les êtres libres, doués d’intelligence et de conscience, votent au suffrage universel ; que l’on découvre pour de bon ce que signifie « la rencontre d’un homme ou d’une femme avec un peuple ». Mais je dois être bien utopiste de rêver à cela, de rêver à une véritable Res Publica qui serait l’affaire de tous, par les citoyens, pour le peuple.

1 commentaire:

  1. Bravo bravo bravo
    Mais est ce que les français qui liront ces propos comprendront?
    Les droitiers s'amuseront, les gauchers se diront elle est aigrie... car les gens de gauche aiment qu'on leur raconte des histoires, certains se pensent éclairés et n'aiment pas vraiment la démocratie participative, préfèrent les combinationes des officines secrètes et des réseaux.
    Ceci dit il faut pour l'instant reconnaitre à AM qu'il va poser des questions sur des points précis publiquement aux deux derniers protagonistes.

    On en revient toujours à 'nul n'est prophète en son pays', au fait que les français aiment être 'manipulés' et 'roulés dans la farine', ils aiment la bouillabaisse et la salade niçoise, préparées par les gens du Nord, ce qui convient parfaitement aux partisans de la République et non pas de la Démocratie.
    Le peuple endormi par 'on veut gagner des millions', 'danse avec les stars', 'plus belle la vie', a reçu des instructions subliminales pour voter 'utile'lors de ces primaires.
    La foule aime les grands feux de joie et d'exécution des esprits libres....jusqu'au jour ou les citoyens se réveilleront de leur léthargie: alors attention édiles et élites!!!

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