dimanche 26 février 2012

L'immigration en question

Une fois n'est pas coutume, les "étrangers" sont montrés du doigt dans la campagne présidentielle française. Tantôt hochet de l'extrême droite, tantôt appât aux voix extrêmes pour l'Union pour un Mouvement Pétainiste, l'étranger est LA personne ou se stigmatisent craintes et folies animales. L'immigration donc, comme source de tous les maux de la société française: chômage, culture décadente, violence, tensions inter-communautaires, crise identitaire, traffic, et même confiscation de la démocratie en tant que gouvernement du peuple par la peuple et pour le peuple puisque la gauche en vient à proposer le droit de votes aux élections locales aux étrangers résidant en France depuis 5 ans.

Opposer les étrangers, c'est à dire l'autre, aux français de souche, c'est à dire soi-même, n'est-ce pas renier les composantes fondamentales non seulement de l'identité française (d'où vient notre peuple, quelles sont ses caractéristiques qui fait que l'on se ressent plus français qu'américain, quel est notre destin commun, comment se définit notre relation aux autres etc...), mais aussi de la création de l'humanité toute entière, des chemins de son évolution? L'Homme d'aujourd'hui a beau se définir comme sédentaire, les routes qui l'auront conduit jusqu'à son appartement parisien ou son Auvergne profonde restent pavées de mélanges des quatre coins de la Terre. Il en est encore ainsi: combien de personnes de votre entourage, possédant un passeport français, vivent dans un pays qui n'est pas la France? Vous en connaissez au moins une, n'est-ce pas? Aussi, il ne sera pas moins exact de dire que l'Homme sédentaire d'aujourd'hui est un nomade qui s'ignore: nomade de part son passé, autant que nomade en devenir. Les mouvements migratoires humains ont existé, existent, et existeront, car ils sont une des dynamiques de notre espèce. Le nier conduirait à enfermer des portions de l'humanité dans des cages artificielles (nations, communautés, religions, croyances, partis...) et par extension, approuver l'idée de race et de ses dérives.

De manière plus concrète, et du point de vue du migrant, la Fée Follay voudrait souligner le caractère positif de l'immigration, mais également ses difficultés. Ce qu'il y a de formidable, c'est bien entendu ce mélange des sangs, des cultures, des pensées. D'une certaine manière, via cette diversité, l'on touche ici à l'universalité de l'Homme: c'est l'équation magique du tout plus grand que la somme des parties. D'un autre côté, à l'échelle de l'individu, c'est un questionnement permanent, un tiraillement même parfois: rien n'est simple dans l'immigration aujourd'hui. La Fée Follay bientôt immigrante officielle peut en témoigner. Que ceux qui jubilent à entendre Guéant, Le Pen, Sarkozy jeter l'opprobre sur les étrangers se posent ces simples questions. Quitte-t-on son pays de gaité de coeur? Quitte-t-on sa terre pour bénéficier de prestations sociales? Quitte-t-on les siens pour une croisade des temps modernes? Ne peut-on être d'ici et d'ailleurs? Ne peut-on se nourrir de différences pour apprécier la tolérance et la justice, valeurs suprêmes du Supra Humain auquel l'Homme doit aspirer? Ne peut-on s'intégrer tout en gardant intact la mémoire de son passé, individuel ou collectif?

Non, l'immigrant n'est pas un pilleur. L'immigrant est un Homme courageux, bien souvent intrépide, bravant les difficultés, conquérant l'avenir, œuvrant à son échelle pour un futur de paix et d'harmonie entre les peuples. Haïr l'autre, c'est attiser les guerres et la destruction de l'Humanité, c'est une régression de la conscience, une premier pas vers un retour à l'animalité.

A l'heure où les instincts des heures les plus noires de notre histoire hantent la France, à l'heure ou la libre circulation des biens prime sur la libre circulation des hommes, à la l'heure ou la France va devoir choisir entre la Lumière ou l'obscurantisme, que le peuple de France se rappelle donc d'où il vient, et quels sont les idéaux qu'il a défendus et qui l'ont fait rayonner dans le monde entier. "Se souvenir de son passé, le porter toujours avec soi, c'est peut-être la condition nécessaire pour conserver, comme on dit, l'intégrité de soi." (Milan Kundera, L'identité).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire